2-Solitude de Laura

... Je me souviens avoir lu des témoignages de femmes seules après un divorce.
Elles disaient leur satisfaction d'être "enfin libres" et de pouvoir décider seules d'elles-mêmes et de l'éducation de l'enfant dont elles avaient la garde.
Certaines étaient vraiment épanouies d'être enfin libérées de la tutelle d'un mari après celle d'un père. Elles pouvaient maintenant pratiquer un loisir délaissé : la musique, rencontrer des amies, sortir librement, faire un petit voyage, se faire des petits plaisirs de gourmandise. A travers ces témoignages sans doute sincères, on en arriverait à les envier.
Maintenant que je suis à quarante ans seule, divorcée à mon tour depuis deux ans avec une fille de huit ans, je devrais pouvoir vivre comme les femmes dont j'ai lu le témoignage. Dans la réalité, rien ne va selon ce scénario.
J'ai appris en tout cas à observer les hommes et à comprendre le sort de la femme seule dans notre société.
Mariée, j'étais courtisée, baratinée, draguée par un ami, un collègue ; parfois grossièrement par le voisin de la porte d'à côté.
Maintenant que Je suis divorcée, j'ai l'impression de porter une pancarte affichant ma situation de femme divorcée "encombrée" d'un enfant, comme on me l'a dit parfois.
... Les hommes divorcés, une espèce qui ne manque pas, sont timides, mal assurés d'eux-mêmes cherchant une aide à organiser leur nouvelle vie. Les autres, même s'ils sont de votre âge, vous trouvent trop vieille et ne veulent pas vous présenter aux copains et aux amis. J'en ai rencontré plusieurs, mais ils ne sont d'aucun conseil, évitent toute responsabilité; ils ont peur d'un attachement. Il sont parfois soupçonneux et pensent qu'ils sont charitables de faire cas de vous.
Si vous n'avez pas vocation à être la mère d'un homme adolescent, fuyez.
La solitude est un cancer qui ronge sournoisement notre plaisir à vivre , à partager un projet à aller simplement vers l'autre. On se replie à force, on abandonne, lassée de se sentir humiliée; exclue.
... Où en suis-je maintenant?
Je suis "la bonne amie" d'un homme décidément célibataire avec des habitudes de vieux garçon. Je partage de temps en temps un repas, une nuit, un week-end avec ce compagnon cultivé qui me fait rire parfois et qui accepte bien ma fille ; elle le voit comme un grand frère. De cela, je lui suis reconnaissante. C'est bien donc pour le moment, mais sans perspective.

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